Quand il faudra partir, Laure Coutaz

Editions Torcolis et Frères, 2018

L’enfance, son insouciance, son imaginaire, puis sa fuite. « La vie adulte n’a plus rien d’avant. » p. 23.  La perte du père, avec son lot de questions, de regrets, de peurs et de douleurs. Mais finalement « Se complaire dans l’avant et faire de l’après une belle page blanche, un recueil de possibles. » p. 91.

Dans son livre,  Quand il faudra partir, Laure Coutaz nous emmène sur les chemins de son enfance, dans un univers qui semble parfois en opposition avec son père, parfois en intimité avec lui. Combien l’apprentissage de la vie peut être difficile ! Lorsque la personne aimée disparaît, « C’est se rendre compte qu’il faudra construire seul à présent » p. 18.  Et comment faire pour survivre ?

Dès les premières lignes, l’auteure nous invite à des réflexions sur la vie et la mort. Mais, par son écriture délicate et profonde, ses mots pleins de tendresse malgré la dure réalité de la perte, ses belles allégories pour partager l’intimité de l’absence, Laure Coutaz nous prend doucement par la main. Sans brusquerie, toute en simplicité et sincérité elle nous dévoile ses sentiments les plus profonds. Sentiments que plus d’un d’entre nous pourrait éprouver, tant les humains se rejoignent à certains moments de l’existence.

Laure Coutaz, elle, a su y mettre la forme et le vocable. Un petit bijou de récit à lire et à relire avec délectation.  Recension Marylène Rittiner

Extrait page 35-36

J’ai perdu mon père comme un bout de ciel, une pièce de ma maison. Est-ce la cuisine où je m’abreuvais ? La chambre où je couchais ? Le grenier où j’entassais ? Vivre aux côtés de ses parents c’est idéal. On s’y construit son existence, on y nourrit son feu. Puis cet idéal est remis cent fois en question. Il n’est pas juste ou il sonne faux. On se retrouve bête à pleurer au milieu des albums photo des autres temps. On comprend alors que les parents n’ont été rien que des hommes dotés d’armes de pacotille. Ils ont vaincu les dragons à coups d’essai en marquant à chaque fois nos paumes d’enfants. En y laissant une ligne, presqu’invisible, presque sous les couches de peau.

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