Des notes dans la nuit, Thierry Lenoir
Editions Cabédita 2019
Depuis trop longtemps, Mike traîne sa vie parsemée d’échecs, jusqu’à imaginer la mort comme l’unique issue possible. Mais une nuit, il se retrouve dans une ruelle aux pavés glissants et, attiré par quelques sons particuliers, il surprend, derrière une fenêtre éclairée, un spectacle insolite, une scène d’amour entre un vieux luthier et son violon. Le jeune homme est totalement envoûté par cette vision et, dès lors, son existence changera radicalement de cap. Elle passera des ténèbres à la lumière, en empruntant les sentiers de la passion, de l’amitié, et de l’amour. Mais qui est donc cet homme étrange qui l’a fasciné dès le premier instant ? Et que découvrira-t-il au bout du chemin ?
L’auteur, Thierry Lenoir, nous emmène dans un roman où le sens de la vie doit inévitablement être compris après maintes pérégrinations à l’intérieur de soi. Et où les écueils se transforment en points d’appui afin de s’élever et trouver, si ce n’est le bonheur, du moins l’apaisement. Thierry Lenoir est aussi violoniste. Il peut donc faire une analogie parfaite entre le violon et l’être humain, entre l’âme du premier et l’intériorité du second. Mais pas seulement. Tout au long du récit, il compare l’instrument dans son intégralité et sa magie avec ce que chacun peut dégager de profond et d’essentiel à son épanouissement.
Il utilise une écriture simple, agréable et précise, mélangeant au passage quelques termes techniques qu’il s’empresse d’expliquer afin que le lecteur ne soit jamais dans le flou.
Au fil des pages, Thierry Lenoir partage encore, en tant qu’aumônier, certaines réflexions sur l’existence fragile des humains.
Voilà donc un livre assurément apprécié par tous ceux et celles qui aiment se plonger dans la méditation et le questionnement. Recension: Marylène Rittiner
Extrait page 18 – La rencontre
Je m’approchai discrètement de l’objet.
– Il te plaît ? demanda le vieux.
– Ouais… et pas qu’un peu !
Puis, spontanément, j’ajoutai :
– Il a un de ces sons !
Oups ! Je me mordis aussitôt les lèvres. Interloqué, le sorcier me transperça de son regard de feu. Un œil à vous faire glacer les extrémités.
– Et comment peux-tu connaître sa sonorité, mon p’tit gars ?
Moi avec ma grande gueule ! J’aurais voulu me visser dans le parquet pour disparaître à l’instant.
Je parvins tout juste à bafouiller :
– Hier soir… dans la nuit… J’me suis planté derrière votre fenêtre…
Le vieux continua de me brûler de ses yeux de braise, tout en ajustant ses lunettes rondes sur son promontoire de pif.
Je marmonnai encore, sur un ton de confession :
– J’ai tout vu…
Je ne sais vraiment pas ce qui m’a pris, mais avec une intonation qui se voulait le plus ferme possible, j’ai alors continué :
– En fait… ça me plairait de devenir luthier, comme vous ! Vous seriez d’accord de me montrer comment on fabrique des violons ?
Il grommela juste :
– C’est quoi ton nom ?
– Michaël… Mais on m’appelle Mike.
Il me tendit la main comme on déroule un tapis, en un coup sec.
– Moi… c’est Jacobus !
Extrait page 61 – Ame du violon
– Au fait… pourquoi ça s’appelle une âme ?
– Parce que cette petite chose mystérieuse, blottie au cœur du violon, joue un rôle fondamental dans la transmission des vibrations. C’est donc par elle que les émotions circulent dans l’instrument. Il en est pour le violon comme pour nous : l’âme est ce lieu sacré où vibrent et se transmettent les émotions. Tu le sais bien, Mike, quand on bride ses émotions, quand l’âme est décentrée, c’està-dire mise de côté, les cordes blessantes de l’existence finissent, tôt ou tard, par nous briser. Trop de pression. C’est alors que tout craque !
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