Mortelle petite annonce, Hélène Rumer

Pearlbooksedition éditions 2023

Laurie, jeune baby-sitter recrutée chez les De Jarnac, suite à une petite annonce, est sous le choc depuis le terrible drame qui s’est joué dans la nuit du 27 au 28 juin 2020. Que s’est-il exactement passé dans ce foyer bourgeois, apparemment sans histoires ? Grâce à l’aide de son psychologue Jérôme Feyraud, la jeune fille parvient au cours des séances, à « verbaliser » son profond traumatisme et à « fouiller dans ses souvenirs pour remettre les choses dans l’ordre ».

Avec son nouveau roman, « Mortelle petite annonce » Hélène Rumer nous emmène dans une famille bien sous tous rapports, mais où les personnages principaux, le père et la mère, tentent de se sortir d’une succession de difficultés qui les entraînent dans une spirale de plus en plus dangereuse.

Un récit anxiogène où parents et adolescents se côtoient dans une ambiance tendue, une sorte d’omerta imposée par le père ayant pris toute la place. Seul Polo, le petit dernier, apporte une touche de joie, un semblant de bonheur au milieu de ce désordre affectif.

Par le truchement d’allers-retours entre vivants et morts, les protagonistes nous révèlent leurs émotions, leurs non-dits et leurs affres étouffées. Au fil de leurs confidences, ils nous dévoilent ainsi une trame inexorablement destructrice. Toutefois, l’auteure s’abstient de tomber dans le pathos. Il suffit d’une écriture simple, de mots justes et percutants, pour ressentir toute la douleur des uns et
le désespoir des autres !

Une histoire tragique, un drame qui peut en cacher un autre.

Recension Marylène Rittiner

Extrait page 135-136 – Pierre, le père

[….]
J’étais encore sonné par choc de cette annonce (licenciement) et envahi par un sentiment de perdition totale, d’abandon et de solitude absolue. J’aurais aimé pouvoir en parler à quelqu’un n’appartenant pas à la boîte… Mais à qui ? Dans mon entourage proche, dans ma famille, je ne voyais personne… Mon frère ? Depuis notre récente brouille au sujet de la succession, hors de question. Mon cousin ? Déjà que je lui devais une belle somme d’argent, je ne voyais pas lui avouer ma situation plus que délicate. Tante Denise ? Certainement pas. Quant à Marie-Ange, c’était tendu entre nous, il valait mieux attendre un peu que la situation s’apaise. D’autant que je trouvais humiliant de sous-entendre que j’étais fragilisé, que je perdais pied, que j’avais envie de tout lâcher. Personne n’a envie d’entendre qu’on va mal.

Mon grand problème, c’est que j’avais toujours donné le change, je paraissais plus solide que je ne l’étais. J’avais l’allure d’un type stable, sérieux, inébranlable et personne ne s’inquiétait pour moi, à commencer par mes parents qui, dès le collège, n’avaient pas hésité à me mettre en pension pour que je bosse et m’endurcisse.

[….] Seulement, ce soir-là, pour la première fois de ma vie, j’avais peur. Peur de l’avenir, peur de cette saloperie d’épidémie planétaire qui avait mis à plat l’économie mondiale. Peur de perdre mon statut social, de ne plus pouvoir vivre comme avant, de ne plus avoir la force de continuer à avancer, à jouer la comédie. Ma résistance faiblissait, je me laissais envahir par des pensées sombres, angoissantes.

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