Edition de La Vallée, Aoste, 2025

Le poète de Sion Jean-Marc Malbois vient de publier son quatrième recueil intitulé  Echos d’anges, qui nous emmène dans un univers de l’indicible, de l’invisible, du transcendant.
La démarche suivie par l’auteur, originaire de Fully, est précise et particulière à la fois puisqu’il s’agit après le poète grec Hésiode de célébrer les Muses, mais d’une façon très libre et personnelle: on y découvre en effet les trois déesses originales ou béotiennes.

Aédé, qui est la voix des origines, de l’absolu, qui veut accéder au vrai par le dépouillement et la profondeur,
Mélété ensuite, qui est écoute attentive et contemplation et enfin Mnémé qui par la mémoire et la révélation donne accès au sublime.
Tout un chemin de vive quête et recherche d’une réalité présente à l’intersection de l’Etre du monde et du moi, qui par instant peuvent aussi se confondre.
Une ligne de crête qui relie le ciel et la terre , qui permet à partir d’une descente en soi-même de mettre en rapport l’espace et le temps, le fini et l’immense, le désert, le vent, la montagne et les vagues de la mer.
Une poésie de finesse et de pureté

« Vivre près d’Aédé,
doigt aux lèvres,
front ébloui,
vivre près d’elle,
à l’écoute de sa voix,
dans le vent malicieux
et le temps long,
est/ce possible? »
Le poète entend la douce musique de la Muse, sa voix aérienne et flûtée qui nous emmène vers l’immensité et une forme d’irréel.
« A l’heure,
où les collines sont pleines d’anges,
elle quitte ses terres,
se perd au large,
devient imminence d’infini.
On l’entend élever son chant,
vers d’autres nues. »

« A vous, Mélété,
qui respirez quelque part,
à l’invisible qui vous avise,
qui sait votre ferveur,
vos attentes d’extase,
comment ne pas y songer? »

«Dépaysée de vos terres,
enivrée d’infini,
vous ne prêtez plus attention,
qu’aux délires du voyage,
qu’aux appels pour un envol sans retour. »

Et puis
« C’est vers Mnémé,
refuge des mots ouvrant l’éternité,
que les comètes maintenant nous guident,
disséminant leur musique céleste
en poussière argentée. »

Un recueil qui peut nous faire songer parfois au langage de Mallarmé et ses inflexions limpides et abstraites; Jean -Marc Malbois nous parle d’influences venant de Philippe Jaccottet et d’André du Bouchet, de l’insaisissable, de l’incertitude, de la fragilité du poète de Grignan et de l’espace, de l’immensité et du silence évoqués par du Bouchet.

« Echos d’anges » de Jean-Marc Malbois, aux éditions La Vallée, Aoste, un recueil de poèmes à déguster avec lenteur et attention , qui procure plaisir et découverte de mondes envoûtants.

Recension Jean-Marc Theytaz Journaliste-poète