L’ange mort-Leçons d’amnésie par défaut, Roland Stauffer

L’ironie, la tendresse et la poésie de Roland Stauffer

Entre distance, ironie, tendresse, sagesse et gorgées de philosophie aussi Roland Stauffer nous propose un nouveau recueil  L’ange mort-Leçons d’amnésie par défaut».

L’auteur dans un esprit vif, aiguisé, acide se montre jongleur de mots et d’expressions « figées », creusant le langage dans ses ondulations et ses mouvances, ses immobilités et ses fulgurances, nous faisant découvrir des univers traversés de sources fraîches et scintillantes.

Roland Stauffer, neuchâtelois d’origine, vit à Genève depuis 60 ans , ville dans laquelle il a exercé la profession de chimiste tout en s’adonnant en parallèle à l’écriture, publiant cinq recueils de poèmes en prose , qui ont permis de réaliser une dizaine de spectacles en Suisse romande.

Ce dernier recueil est illustré par des dessins de Marcel Cottier.

 

Pas de certitude, ni morale

 

Comme le souligne l’éditeur Encre fraîche « dans les textes de ce dernier recueil , pas de certitude ni morale, on découvre des taupes dévorant les racines des souvenirs, des hommes de paille, un poisson soluble, un fils reproduisant les gestes des souvenirs son père ou encore une fourmi bleue… » une façon de délester le quotidien de ses lourdeurs, de ses encombrements, de ses scories, et de l’inonder de vapeurs et d’embruns venus de mondes imaginaires et inventifs.
Comme le dit Roland Stauffer « cacher un ange n’est pas chose facile, même un ange mort. Aujourd’hui je suis vieux , j’ai vécu seul auprès de lui, évitant mes voisins, mes parents, mes amis. Je suis devenu le gardien de l’ange. »

Mais les anges sont immortels et malgré la pesanteur, l’épaisseur, la gravité du temps qui passe, efface, rabote, on trouve dans les textes de Roland Stauffer une forme de légèreté qui est peut-être celle d’une âme éternelle et transparente.

Le chasseur d’erreurs peut un jour épingler une vérité dans sa collection et alors tout s’écroule et s’évapore.

Les tabous, les convictions, les signes, la litote… l’auteur les défait et les reconstruit dans leurs dérapages, leurs danses sémantiques et réthoriques, pour en faire de l’humour et de la poésie, subtile et simple à la fois.

Le chimiste Roland Stauffer devient dans son écriture un véritable chirurgien qui découpe la réalité jusque que dans ses contradictions, ses symboles, ses prolongements… et lecteur s’y laisse prendre comme dans courant d’eau claire, l’espace de quelques instants, de quelques aphorismes parfois.

« La complainte d’Atkas » nous dit aussi la vastitude des galaxies, la déraison ou l’absurdité , les indignations , l’envie du dernier tour d’horloge ou de planète.

Un ouvrage tout en nuances et en découvertes cachées derrière le langage et les habitudes qui construisent nos existences. A déguster avec lenteur, curiosité et plaisir.

Recension Jean-Marc Theytaz Journaliste-poète

 

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