Dernière rentrée

Tiffany Jaquet, roman, Edition Plaisir de Lire 2018

Dernière rentrée Tiffany Jaquet Octobre. Encore six mois à tirer jusqu’à la fin de l’année scolaire. Six mois pour André Clottu, mis à la porte pour faute grave dans son ancien collège et qui, l’été prochain sera à la retraite. Six mois aussi pour Sébastien, Marie, Timéo, Yacine et les cinq autres ados de cette classe spéciale, la DER 1, la classe des cancres.

Tiffany Jaquet donne tour à tour la parole à chacun de ces sales gamins qui se liguent, se bagarrent, racontent leur vie de looser, leur pas-d’avenir. Ils ne semblent avoir qu’un objectif commun, celui de faire craquer le vieux prof. Ils vont donc chercher à savoir pour quelles raisons, quelle « faute grave », leur prof a dû changer de lycée.

Mais Monsieur Clottu a de la bouteille et sait se faire respecter. Et, mine de rien, il les aime, ces gosses. Seul, lâché par ses collègues et par la direction de l’établissement, ce vieux bonhomme remplaçant aux allures de concierge va s’intéresser à ses ados, essayer de leur faire dire leurs rêves et aussi leurs espoirs.

Un vendredi matin, en mai, un coup de feu éclate dans la classe. Qui a tiré ? Et sur qui ?

Ce deuxième roman de Tiffany Jaquet nous plonge dans une atmosphère tendue où tout va très vite, où la rumeur se répand à la vitesse d’un tweet et où les cabales se montent au gré des amitiés et des rivalités. Une cabale qui va pousser l’auteur(e) du coup de feu dans ses derniers retranchements.

Recension: Monique Meyer Rebetez

Extrait Page 93

« Le réveillon de Noël avait été chassé par celui du Nouvel An, envolé et bien vite oublié. Cette année encore, ils avaient pris des airs d’hibernation pour André Clottu, cloîtré pendant deux semaines dans son salon, dont la table basse et le canapé avaient disparu sous les copies à évaluer et le travail à préparer pour le nouveau semestre qui se profilait. Le vieillard avait ainsi alterné sieste et travail, prenant tout juste la peine d’ouvrir la porte-fenêtre pour aérer et laisser Russell gambader dans le jardin givré.

De retour au collège secondaire de Pré-fleuri, les bonnes résolutions de fin d’année avaient fondu avec les premières neiges de l’hiver. Les élèves étaient surexcités et semblaient avoir complètement oublié les règles de bienséance et de respect que Clottu avait enfin réussi à établir avant la pause des fêtes. L’enseignant était bon pour tout recommencer.

Néanmoins, preuve en est qu’une fois encore il y a des choses qui résistent au temps et au changement, puisqu’il avait suffi d’une petite étincelle, tombée de nulle part pour raviver la braise endormie de la rumeur. – J’ai entendu dire qu’il avait été viré, chuchota Timéo. »