Passage de la déroute

Monique Rebetez, Editions Favre 2018

Normandie, juillet 2015. Claire et Alexandre passent leurs vacances  dans une maison d’hôtes « la Roche à Coucou », dans un petit village du nom de « Les Pieux », ce qui les amène à dire avec humour qu’ils passeront une semaine aux Pieux !

Claire a ses secrets qu’elle garde depuis 15 ans. Alexandre doit impérativement les ignorer. Seule la sœur de Claire est au courant. Lors de ses vacances au nord du Cotentin, Claire se lie d’amitié avec Laly, jeune pianiste un peu sauvage.
Alexandre, homme volage, fait la connaissance d’un ingénieur veuf à la retraite  qui lui aussi a ses secrets. Au fil de ses balades, Alexandre prend conscience qu’il aime profondément sa femme. Pourtant, les absences d’Alexandre pèsent sur le moral de Claire. Elle aimerait un mari plus présent.
 
Ces vacances qui devaient les rapprocher vont inéluctablement les séparer. Mais est-ce définitivement ? Claire s’en va… Laly annonce la nouvelle à Alexandre et lui précise qu’ils feront le point à Noël…
 
Monique Rebetez nous fait visiter le Cotentin avec ses plages du Débarquement, ses côtes escarpées, ses vents parfois violents, sa pluie même en juillet, ses habitants attachants à travers son roman. On y trouvera de magnifiques descriptions de la nature, qui nous font voyager bien installés dans notre fauteuil préféré. Et même si on aimerait une fin différente, on appréciera le style d’écriture de l’auteure. Recension: Marie-Claire Siegenthaler

Extraits des pages 5, 52, 53, 54, 90, 95, 96, 117, 134
 
« Leur choix s’était porté sur une chambre d’hôtes dans une maison de campagne, à deux pas de la plage, avec des fleurs sur les fenêtres et dans le jardin. Le nom du lieu leur avait plu et, lorsqu’on leur demandait où ils iraient cet été, ils s’amusaient à répondre qu’ils passeraient une semaine aux Pieux. La maison, isolée, à mi-chemin entre la mer et le village, s’appelle « la Roche à Coucou »… »
 
« Règle no 1 : ne jamais chercher à savoir avec qui l’autre est en relation. Règle no 2 : ne pas reprendre contact avec d’anciens partenaires. Règle no 3 : pas de copines ou copains au domicile commun. Divers et imprévus : si l’un ou l’autre tombe vraiment amoureux ailleurs, on se quitte… »
 
« Jamais elle ne lui avait reproché ses hors-pistes, ses « infidélités ». Elle se persuadait qu’il n’y avait pas infidélité puisqu’il n’y avait pas rupture d’un engagement pris et que, après tout, Alexandre n’avait rien promis. »
«  Un fibrome. Pour Alexandre, les collègues, la famille, Claire avait été hospitalisée pour un problème de fibrome. Seule Lucie savait… »
« Des regrets on en a  quand on peut faire autrement. Elle, elle n’avait pas pu faire autrement… »
 
« Claire avait son bras levé sur une partition. Laly était assise à côté d’elle. Seule la petite lampe en col-de-cygne était allumée.  Une lumière chaude en tombait comme d’un réverbère. Sur la plus jeune dans un pull sombre, et sur l’autre à peine un peu plus ample, dans une blouse fluide. Mêmes visages tranquilles, les cheveux longs et tout droits de Laly, ceux un peu moins sages de Claire, mais avec les mêmes reflets couleur de tourbe… »

« Les deux femmes étaient dans le même mouvement, celui de la mélodie. Deux ombres fondues l’une dans l’autre. Elles ne l’avaient pas vu, pas entendu. Trop absorbées… »
«  Monsieur Gauthier l’attendait sur le pas de la porte. Il descendit les trois marches à la manière d’un crabe, en se tenant au mur, et lui fit signe de parquer la voiture dans la cour, sous les grandes feuilles palmées d’un marronnier… »
« … – Merci d’être venu. Je m’en veux de vous prendre un peu de vos vacances. Vous avez certainement mieux à faire… »
« Jean-Luc Gauthier s’était levé. Il revint de l’atelier avec une bouteille semblable à celle qu’il utilisait pour mettre ses bateaux dedans. Mais dans celle-ci, il y avait un papier roulé. Plus exactement une enveloppe avec un prénom écrit dessus. »
« Elle a dit qu’elle allait se mettre au vert. Elle est partie cette après-midi. Elle a dit que vous aviez des histoires à vivre, elle et vous, chacun de votre côté. Et que vous feriez le point à Noël… »

L'auteure

Depuis plus de trente ans, Monique Rebetez (JU) corrige pour les autres. Un client la met un jour au défi : «Très bien, vos remarques, vos suggestions. Mais si vous faisiez quelque chose, vous ? » Alors elle s’y met. Pour voir. Il y a cinq ans, elle commence son premier roman  « Passage de la Déroute ». Les Éditions Favre le publient en 2018.