On a volé la vache à Firmin, Pierre Battaglia

Polar des terroirs, Editions Montsalvens

L’histoire se passe en Valais dans le contexte enfiévré d’un match de reines, entendons-nous une vache élevée pour le combat, au caractère forcément belliqueux.

La disparition de la vache à Firmin délie les langues. 600 kilos de muscles, deux cornes affûtées prêtes à embrocher les importuns, un œil sagace et  méfiant : faut connaître ! Sans compter les problèmes de logistique posés par l’hébergement d'un bovin. Dans le milieu des éleveurs et dans la vallée, les rumeurs vont bon train.

L’inspecteur Décaillet, fils du pays, commence les auditions. Dans le galimatias des témoignages où s’emmêlent le mauvais sort, les actes de malveillance dus à la jalousie ou à une vengeance présumée, et les rumeurs d’un combat truqué, le policier peine à s’y retrouver.  Finalement, une piste plus sérieuse se dessine. Firmin s'est acoquiné avec un investisseur étranger autour d’une affaire immobilière dont la réussite est due à des copinages politiques. Cependant, celle-ci est contrariée par un esprit écolo. L’enquête s'intéresse donc au promoteur hargneux sans toutefois abandonner les autres pistes.

Finalement, l’enlèvement de cette vache n’est que la pointe de l’iceberg. Il s’avère, au final, que le ver est dans le fruit. La sagacité de l’inspecteur Décaillet permettra de mettre à jour les complots.

Un petit ouvrage divertissant dont le dénouement s’inscrit dans l’air du temps.

Recension Anne-Catherine Biner

Extraits p 34-35

Drôle de type, ce Firmin, pense Décaillet. Dur en affaires, retors, sans scrupule, mais plein d’empathie pour une vache. Drôle de bonhomme aussi ce chercheur amateur de reines. Faudra que j’essaie d’en savoir un peu plus, mais, avant, je vais aller voir ce qu’on en pense au village, à Prafignon.

Avant de le quitter, Décaillet lui demande de rester sur ses gardes. Non pas qu’il a vraiment pris au sérieux la mise en scène macabre du corbeau, mais plutôt pour l’inquiéter et le pousser à parler, car il est certain que Firmin ne lui a pas tout dit.

– T’en fait pas, répondit-il bravache en relevant le menton.

L’inspecteur parti, Firmin s’effondre dans son fauteuil. Il a donné le change pendant la visite de Décaillet, mais maintenant des flashs se remettent à crépiter dans sa  tête : les affaires, Tchakaev, Lucette [la vache], Germanier, le corbeau, surtout le corbeau et ses ailes noires enveloppantes et menaçantes. Et puis cette voiture noire qui l’a suivi l’autre matin, c’était qui ? Incapable de fixer ses pensées, de stopper cette sarabande diabolique, de raisonner calmement, il joint les mains et croise les doigts, désespéré :

– Mon Dieu, protège-moi, car la police ne peut rien contre les maléfices !

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