Un livre vif et agréable à découvrir

L’auteur lausannois Eugène vient de sortir un nouvel ouvrage « L’ombre de la Belle » aux éditions Slatkine, une fable étonnante et passionnante, riche en surprises et rebondissements, qui est destinée autant aux adolescents qu’aux adultes.

Il y met en scène la Belle au bois dormant, Aurore, qui a dormi durant un siècle . En reprenant le fil narratif de Perrault et Grimm, notre auteur Eugène va aller plus loin et nous faire découvrir un nouveau monde qu’il fera habiter de mille et un personnages, celui des ombres des protagonistes. La Belle a dormi durant un siècle, mais pendant ce temps qu’ont fait les ombres des hommes, des femmes du château entouré de ronces dans lequel elle s’est assoupie? C’est alors que l’on découvre un univers peuplé d’un savant, spécialiste d’ « ombrologie » , d’un prince et d’un dragon des glaces dont le feu a brulé son ombre et mille autres protagonistes, des marmitons, des servantes, des laquais, des maîtres,,,
Chacun a sa propre ombre qui le suit, l’accompagne, le prolonge, l’interpelle, le raconte, lui apporte des formes, des intituitions, des mondes emplis de peuples étranges…

Une histoire d’identité et d’altérité contée par Eugène, qui fascine et fait beaucoup voyager son lecteur.

Par exemple le fils du roi Wolorik n’est plus prince parce qu’il n’a pas accompli d’exploit: l’ombre de la Belle lui dit de planter un arbre, d’aider  des paysans ou de fonder un orphelinat au lieu de chercher à briller par la force. Yvan le valeureux, Gologhan deviennent des « énergies , des forces » qui s’épient, se frôlent , se défient pour finalement trouver chacun sa place. Celle de la réalité et de sa multiplicité d’être.

Un envers riche de possibilités

Le livre d’Eugène  nous emmène dans l’envers du monde, celui où chacun a une part d’ombre avec ses questionnements profonds, ses haines, ses rejets, ses obsessions, ses dégoûts, ses envies de meurtres; l’ombre peut s’allonger, se déformer, se découper, prendre un poignard, menacer, faire apparaître les doubles, les reflets, les rayonnements d’une réalité multiple.

Aurore a vécu dans un univers qu’on a bien voulu lui construire, parfois faussé et «truqué ». Ces ombres qui apparaissent avec ce »conte » de l’auteur lausannois Eugène démêlent un peu l’écheveau de l’être, de l’apparaître, du masque, du faire valoir, du faire croire, et le bonheur oú est-il?

Ce siècle où elle suit et découvre ses ombres est empli de découvertes, de promesses et déceptions. Un brin de lucidité apparaît dans le quotidien des jours de tout un chacun.

Un texte rythmé, agréable, pour les jeunes et les moins, un « conte » qui met du sel sur une réalité que l’on découvre multiple et surprenante.

Recension Jean-Marc Theytaz Journaliste-poète