L’homme qui venait de Nazareth, Daniel Marguerat

Editions Cabédita, Bière (VD), 2020

Dans cet ouvrage, Daniel Marguerat pose la question de l’identité de Jésus et nous incite à le suivre dans une enquête à la fois historique et théologique. L’auteur interpelle les textes afin de cerner plus précisément la position du prophète dans le contexte du judaïsme des années 30 avec ses usages, ses croyances et ses groupes rivaux.

« Pour éviter des rapprochements superficiels, il faut d’abord se demander : quel est le cœur de sa prédication et de son activité ? Secondement : Jésus a-t-il eu un maître? Et si oui, quelle est l’originalité de l’homme de Nazareth » – extrait p. 19.
Pour répondre à la première question, l’auteur cite l’évangile de Marc « Le temps est accompli, et le Royaume de Dieu s’est approché ; changez de vie, et croyez à l’Évangile (Mc 1,15) » – extrait p. 19. De nombreuses références à ce thème se trouvent aussi chez les disciples Mathieu et Luc.

L’idée de l’apocalypse n’est pas nouvelle, elle imprègne la foi du peuple de ce temps-là. Cependant, dans le prêche de Jésus, elle acquiert une urgence particulière qui se traduit à travers des actes et des paroles qui heurtent les décideurs des communautés juives et, plus tard, le conduiront sur le chemin de la Croix.

« Il s’agit donc de préparer les hommes au jugement imminent. Et l’urgence est telle qu’il n’y a pas un instant à perdre : N’emportez pas de bourse, pas de sac, pas de sandales, et ne saluez personne en chemin (Lc 10,4). Pour qui connaît l’importance rituelle et la longueur des salutations à l’orientale, l’interdiction de saluer est tout à fait choquante. Mais le même sentiment d’urgence conduit Jésus à plus fort encore : c’est l’interdiction de prendre congé de sa famille ou d’enterrer son père avant de se joindre à ses disciples (Lc, 9,59-62). On bouscule ainsi les solidarités les plus intouchables (la famille) et les devoirs religieux les plus sacrés (les rites funéraires). L’exigence totalement scandaleuse de Jésus, qui ne trouve son équivalent que chez les philosophes cyniques grecs, ne traduit pas chez lui une critique de principe des liens sociaux. Elle concrétise l’urgence d’agir avant que s’abatte la catastrophe de la fin du monde – extraits p. 20-21. »
[…]

Un retard qui a changé l'espérance

[…]
« Nous avons mis le doigt sur le foyer qui alimente la parole de Jésus, qui inspire son action, qui leur donne une intensité à la limite du soutenable. Ce foyer est la conscience qu’a Jésus d’une venue imminente de Dieu. Cette venue ne se produira pas, et la chrétienté a dû supporter une crise de l’espérance.
Ce constat nous conduit à nous interroger : cette conscience du Royaume proche, d’où Jésus la tient-il ? A-t-il eu un maître spirituel ? »

Recension Anne-Catherine Biner

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