L'enfant aux étoiles

Julien Sansonnens, roman, Editions de l'Aire 2018

L’OTS : Ordre du Temple Solaire… Salvan, les chalets…Cheiry, la ferme… Joseph Di Mambro dit « Jo », sa femme légitime Céline, sa maîtresse des années 80 Elisabeth … Luc Jouret le médecin… le St-Christophe aux portes de Bex… le Canada… la France… les membres de l’ordre… Qui n’a pas entendu parler du Drame de l’OTS ? Bien que cela fasse presque trente ans que ce Drame , avec un D majuscule, fit la une des journaux en tous genres, il reste très présent dans les esprits. Mais qu’en connaît-on réellement si non les comptes rendus des médias ?

Au travers d’Elisabeth Auneau qui donna naissance à l’enfant aux étoiles, la fille de Jo Di Mambro, Emmanuelle de son prénom, l’auteur nous transmet la vie communautaire des débuts de l’OTS. On fera également la connaissance des membres qui ont joué de près ou de loin un rôle dans cette affaire. On verra qu’Emmanuelle a eu une vie d’enfant heureuse malgré sa fin tragique dans le chalet de Salvan. On découvrira que sa nounou, à l’instar de ce père étrange, l’aimait profondément et lui transmit tout ce dont elle était capable en quantité d’Amour, et d’éducation. Enfin on comprendra le fonctionnement interne puis la déchéance de l’Ordre, la folie de Jo et de ses acolytes. Mais étaient-ils tous fous au sens littéral du mot ? Ou croyait-il tous sincèrement au renouveau dans l’autre monde ? On se questionnera tout au long de cet écrit.

Julien Sansonnens vit dans le Valais mais est né à Neuchâtel, en 1979. Avec cet ouvrage qui n’est pas un roman et sans vouloir enlever quoique ce soit à l’horreur de la fin de chacun, en particulier celle de la mort des enfants, il approche chacun des protagonistes, avec un immense respect des victimes, des familles, de ceux encore vivant, et une sensibilité toute particulière pour Emmanuelle. Il a su nous montrer l’Amour d’un père pour sa fille, le dévouement et l’obéissance de membres cherchant la paix et le bien-être spirituel. Sans doute cherchait- il à nous expliquer que tous n’étaient que des humains avec leurs défauts, leurs qualités et surtout, surtout leur croyance…

Recension: Marie-Claire Siegenthaler

Extraits des pages 56, 63, 93

Quelques années après le premier voyage, Di Mambro et Elisabeth retournèrent en Egypte. Ils séjournent non loin du t4emple de Deir El-Bahari, ce pèlerinage effectué sur les lieux même où vécut la grande reine Hatchepsout  permettre à la jeune femme, par des exercices intensifs de méditation, de se reconnecter avec son entité originelle.

Trois jours après leur retour à Harchâtel-les-Sources, Jo convoqua l’ensemble de l’ensemble de la Fraternité dans la grande bibliothèque, et annonça qu’à l’occasion de ce voyage très particulier, il avait reçu des Maîtres cosmiques une révélation de la ‘plus haute importance. Tandis que chacun parmi l’assemblée retenait son souffle, il déclara qu’un enfant allait être donné à Elisabeth Auneau, un être à a mission plus importante que le Christ lui-même. Au sein de la Fondation allait naître un enfant divin devant annoncer un nouveau cycle terrestre et sauver l’Homme de l’apocalypse…

Car au-delà même de l’enceinte de la Fondation parmi les personnes intéressées par le mysticisme, on disait de Jo Di Mambro qu’il possédait un don, on lui prêtait des capacités psychiques étonnantes. Voilà une dizaine d’années que cet homme se construisait une réputation dans les cercles ésotériques franco-genevois, qu’il semblait exercer une étrange fascination sur un noyau toujours plus important d’âmes en recherche spirituelle….

Il était deux heures du matin, ce 22 mars 1981 : Elisabeth regarda pour la première fois sa fille. Jo s’approcha, visiblement incapable de dire un mot. Le bébé émettait de petits cris presque inaudibles, elle agitait ses mains dans l’air, devant son visage plissé. « Une magnifique petite fille ! Comment allez-vous l’appeler ? » demanda la sage-femme. « Emmanuelle » répondit Di Mambro. «Emmanuelle, Dieu avec nous en hébreu » ajouta-t-il. « Voici l’enfant qui restaurera l’Ordre du Temple ! » déclara Jo d’une voix solennelle. Il s’approcha du nouveau-né : « Doudou, mon Doudou » dit-il encore, et il sourit à Elisabeth…