Le châle de soie vert, Marcella Maier
Le courage des Femmes, récit, Editions Cabédita 2019
Bregaglia et Engadine, dans les Grisons, dévoilent de magnifiques paysages aux airs de vacances. Et pourtant, la vie n’y est pas si facile, surtout dans les années 1800 et suivantes, où la pauvreté est courante dans ces régions alpines.
Cependant, Alma, Lisabetta, Maria et Nina, quatre femmes sur quatre générations, garderont la tête haute malgré des difficultés économiques et des aléas parfois bien éprouvants. Elles travailleront d’arrache-pied pour subvenir aux besoins des leurs, seules ou au côté d’un mari. Elles inculqueront alors à leurs enfants, la perception du devoir et du travail bien fait. Elles sauront également leur transmettre le sens de la famille, de la générosité et de l’hospitalité.
Un rouet et un précieux châle de soie vert offerts à Alma en guise de remerciement accompagneront les femmes de ce récit durant près de deux cents ans. Les deux objets seront légués d’une génération à l’autre, jusqu’à nos jours, tissant ainsi un lien particulier entre les acteurs de ce témoignage.
C’est Marcella Maier, la deuxième fille de Nina qui, dans cette saga, nous raconte comment ses aïeules ont plus d’une fois traversé de sombres événements, comment elles y ont fait face avec endurance et détermination et comment à la fin de leur vie, elles ont, malgré tout, trouvé de l’apaisement. À travers une narration agréable à lire, l’auteure nous renvoie à nos propres existences souvent parsemées de soucis, de peines et d’échecs, mais aussi de joies et de belles réussites.
Quelques photos de familles illustrent leur histoire. Recension: Marylène Rittiner
Extraits, page 29, Alma et Lisabetta
Alma savait pertinemment qu’elle devait se préparer à l’hiver. Elle économisait le plus possible sur son salaire et essayait de ne pas y toucher après avoir remboursé ses dettes auprès de Gaudenzio. Elle pourrait certes filer la laine de ses moutons, qui avaient passé l’été au pâturage, mais est-ce que cela suffirait, avec ses économies, à passer tout l’hiver ? De plus, les neveux de Corrado avaient laissé entendre qu’en tant qu’héritiers légitimes, ils voulaient reprendre la petite maison de Gondo. Où irait-elle alors avec Lisabetta ? En aucun cas, elles ne pourraient rester dans la chambre non chauffée du palazzo glacial. Dans ses nuits sans sommeil, Alma se creusait la tête sans trouver d’issue.
Extrait page 56, la transmission du châle à Lisabetta
(Alma parle à sa fille Lisabetta)
– C’est toi maintenant qui devras le porter.
Alma sortit alors de son sac la pochette en cuir que Giovanni avait confectionné pour elle.
– Je te l’offre pour ton mariage. Plasch en sera heureux.
Lisabetta ouvrit l’étui et déplia le châle ; ses yeux brillaient. Comme Alma autrefois, elle le caressa puis le mit sur ses cheveux. Plasch, qui entrait justement dans la cuisine, s’exclama :
– Il te va vraiment bien. Quel beau châle !
Extrait page 192 – transmission du châle de Maria à Nina
Maria, qui était en train de mettre ses habits dans la commode, s’approcha d’elle. Elle tenait à la main le châle de soie vert de sa grand-mère de Bregaglia :
– C’est toi qui dois l’avoir maintenant ; tu es la quatrième dans la lignée des femmes de notre famille.
Comme Alma autrefois, Nina soupesa le châle, le déplia et constata avec surprise qu’il n’avait aucun pli, bien qu’il soit resté de longues années serré dans son étui.
– A laquelle de mes filles faudra-t-il que je le transmette ? demanda Nina.
A ce moment, Duri entra, tenant à la main le rouet de Gerolamo*.
– Où est-ce que je pourrais le mettre ? Ici, dans le coin, il irait très bien. Qu’en dis-tu, tatta, une de nos filles pourrait apprendre à s’en servir ?
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