Le calendrier de l’après, Nicolas Feuz

Editions Slatkine, Genève 2020

Tout au long des siècles, l’homme a vécu des avants et des après. Dans la Bible déjà, il y a eu « un avant le Déluge » et « un après le Déluge », et plus proche de nous, « l’avant-guerre » et « l’après-guerre ». Et aujourd’hui ? Nous pouvons affirmer sans nous tromper qu’il y a bel et bien eu une vie « avant le virus ». Quant à la vie « après le virus », personne ne peut vraiment la prédire pour l’instant. Sauf si nous sommes un écrivain à l’imagination débordante, comme Nicolas Feuz.

Ce dernier nous décrit en effet, dans son nouveau roman, « Le calendrier de l’après », un monde bouleversé jusqu’au chaos, depuis l’émergence de Verna, un virus particulièrement tenace, dix-huit ans auparavant. De toutes les infrastructures du monde de l’avant, il ne reste rien. Même les sentiments comme l’amour et le désir ont été anéantis. Et dans le monde de l’après, les immunisés bien-pensants et les contagieux inutiles s’affrontent âprement. Les uns, protégés dans une tour de verre, les autres, livrés à la rue. Alexis, un des derniers élus programmés pour préserver le genre humain, se mêle aux inutiles, au péril de sa vie, pour rechercher la jeune Billie dont il est tombé amoureux. Malgré sa détermination à sauver sa belle, il se retrouve pris au piège de son audace, entouré de mille dangers. Parviendra-t-il à ses fins ? Rien n’est moins sûr, alors qu’il est continuellement épié par l’œil d’un drone et qu’au moindre geste suspect, ce dernier n’hésitera pas à le détruire.

Avec ce polar fantastique, Nicolas Feuz nous emmène dans « un monde devenu fou » où les humains vivent sous la coupe d’une « Gouvernance » terrifiante. Et malheur à celui qui ose s’y opposer !

L’histoire se déroule sur le territoire suisse, entre Genève et Neuchâtel, avec quelques épisodes en pays de Vaud et de Fribourg. Le lecteur y retrouvera plusieurs lieux et bâtiments connus helvétiques, pour la plupart désaffectés, et faisant partie d’une existence désormais révolue.

Alexis et Billie sont téméraires et attachants, et ils nous entraînent dans une aventure délirante où l’émotion ne doit pas exister. Car dans le monde de l’après, la froideur et l’insensibilité sont de mise.  Cependant, à force de péripéties partagées, un lien fort unira les deux jeunes héros. De plus, au fil des événements, d’autres personnages entreront en scène et redonneront un peu d’humanité à cette nouvelle société en plein désamour.

Une écriture et un style agréables, du suspense assuré, et quelques frissons pour les plus sensibles, voilà les composants de ce récit passionnant. Attention, complotiste s’abstenir…

Recension: Marylène Rittiner

Extrait : chap. 22 p.119

La boucle était bouclée. Alexis avait mis le feu à sa prison dorée, échappé à la milice et basculé dans le camp des inutiles. Maintenant, il était là où tout s’était terminé la veille au soir. Il était là parce qu’il était tombé amoureux de Billie, parce qu’il lui avait fait une promesse.

La ville de Vevey s’étendait devant l’élu, avec ses bâtiments délabrés, ses rues vides et – hormis quelques flammes d’espoir çà et là, une bougie ou un tonneau en feu – un silence de mort. Un silence que seul le va-et-vient des camions de la Gouvernance rompait toutes les heures, annonçant l’arrivée d’une nouvelle fournée pour le crématoire.

Billie était prisonnière de cet enfer de béton et de verre. Alexis devait trouver un moyen d’y pénétrer sans se faire repérer.

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