La belle saison, Ludmila Charles

Editions Noir sur Blanc, 2021

Elena est née un 1er avril, dans une petite ville de l’Europe centrale, 20 ans après sa sœur, Magda. Personne n’avait remarqué la grossesse de Baba, elle était déjà tellement grosse ! Et évidemment, tout le monde avait cru à une farce !

Elena semble fragile, elle n’a pas peur de la mort et ne trouve pas vraiment sa place dans ce monde de femmes. Elle s’ennuie et n’aime pas l’école. Malgré les années qui s’écoulent, une espèce de langueur s’installe dans son quotidien.  

Magda est partie vivre en France et ne revient qu’au mois d’août, avec sa fille Anna. Alors, Elena ne vit que pour cette belle saison où elle retrouvera sa nièce, de cinq ans sa cadette. Ainsi, une amitié forte les unira tout au long de leur existence.
Puis, c’est l’époque de Tchernobyl, mais rien ne change pour les habitants de Nove Mesto, pas plus que lors de la chute de l’URSS. Ils vivent si éloignés de la ville irradiée, et la politique ne les intéresse pas. Elena ne fait pas exception, contrairement à Magda qui a trouvé la force de partir. Alors, la jeune femme se plie aux seules possibilités qui lui sont offertes pour trouver un travail, et peut-être pour se marier, si quelqu’un veut d’elle…  

Avec son roman  La belle saison, Ludmila Charles raconte les jours monotones et sans fioriture d’Elena, qui naît et grandit dans un environnement à l’immobilisme étouffant.

Elle y décrit, dans des chapitres très courts, des fragments de vie simple de l’héroïne, où le fatalisme prend presque toute la place. Cependant, ces morceaux épars n’enlèvent rien à la beauté de l’écriture. En effet, l’auteure sait allier la sobriété du récit à la délicatesse des mots. Et puis, au fil de la narration, elle offre au lecteur un style aux phrases directes et sèches se mêlant à d’autres, proches de la poésie. Une histoire tout en douceur malgré quelques événements plus émouvants, un roman qui tombe à point nommé dans une société un peu trop agitée.

Recension Marylène Rittiner

Extraits p. 63

Rien ne la distinguait, de dos, de toutes les autres femmes qui remuaient le contenu d’une poêle à l’aide d’une cuillère en bois. Le verre de vin blanc qu’elle versa sur les oignons roussis dégagea une bouffée de vapeur qui lui rougit les joues. Était-ce bien elle qui réduisait la flamme du brûleur à gaz, puis posait sur la poêle un couvercle métallique parfaitement adaptée à sa circonférence? Ses gestes ne lui appartenaient pas, aussi impersonnels que ceux des ouvriers à la chaîne.

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