Illusion d’optique, Simon Vermot
Illusion d'optique
Simon Vermot, roman, Slatkine 2017
Un jeune homme, de juste 17 ans, fait ses expériences amoureuses auprès d’une jeune femme non farouche. Jusqu’au jour où il rencontre Elvira dont il tombera amoureux. Il l’épousera pour en faire sa maîtresse car elle se refuse à lui. Malgré le mariage et sa patience, Elvira n’accepte pas les avances de son mari. Certes elle semble apprécier certaines caresses mais l’acte lui-même jamais elle le lui accorde. Elle se soustrait à ses devoirs conjugaux, selon lui. Oui, en effet lui dit-elle, seulement Elvira a un secret. Elle finira par le lui confier. Fou de rage, il se jure de la venger, il l’aimera encore plus fort. Elle se soustrait toujours à son devoir conjugal et lui explique qu’il lui faudra du temps pour guérir. Il part pour une interview au Maroc… Il lui téléphone, il rentrera dans quelques jours… Mais la vie ne veut pas de leur bonheur. Il apprendra l’AVC de sa femme et la douleur est telle qu’il en perdra la raison et fera 15 ans de prison…
Roger Simon-Vermot, a un style direct dans ce premier roman, nullement désagréable, au contraire. Il est même très actuel, ce style. L’auteur fait parler son personnage principal, ce qui nous donne l’impression de lire la confession d’un ami. De participer à ces turpitudes, d’en être presque complice. On irait même jusqu’à lui apporter les oranges lors de son incarcération.
Recension: Marie-Claire Siegenthaler
Extrait des pages 13-14, 40, 79-80
Les maisons se mordorent dans les dernières lueurs de l’après-midi. Un peu de mon esprit vient d’ouvrir une paupière. Aie ! Ma sieste a duré plus longtemps que je ne le pensais. Un coup d’œil à ma montre. Ca va, je vais être à l’heure à notre rendez-vous. J’ai plus de dix-sept ans. Elle en a à peine quinze. Marie-Claire est la fille unique du meilleur boulanger-pâtissier du coin et nous sommes amoureux. Pas un coup de foudre, non, plutôt une grosse interaction de paratonnerres. Ce soir, comme souvent, nous sommes convenus de nous voir dans la forêt, près de la cabane aux oiseaux.
Le ciel a baissé son écran noir depuis un moment lorsque j’écarte le rideau de cuir protégeant, le bar des courants d’air. Elle est là avec son frère, secouant un flipper. Elle a troqué don ensemble de fille sage contre une robe à fleurs qui la fait ressembler à Natalie Wood dans West Side Story.
Putain ! Qu’est-ce qu’elle est belle ! Je souffle dans mes mains, pour vérifier mon haleine…
Les premiers flocons de neige sont en train de tomber mollement. Elle a tenu à ce qu’on se marie à l’église. Je n’aurais pas vu la chose autrement. Nous nous retrouvons à genou sur un prie-dieu, face au prêtre qui dit la messe…
…Mon Dieu qu’elle est belle ! Au moment de l’échange des anneaux, une larme perle sur sa joue droite. A celui du baiser elle a le visage tout mouillé…
…Selon la coutume, je porte mon épouse toute neuve dans mes bras pour franchir le seuil de notre appartement. Elle et légère, toute molle, même pas émue. Du coude, j’ouvre la porte de la chambre…
… Certes le vin qu’elle a bu n’est certainement pas pour rien dans son attitude complètement déroutante, mais je pressens autre chose, de beaucoup plus profond, comme le tilt d’un flippe qui se serait allumé sans qu’on ait secoué l’appareil. D’ailleurs son rire s’est arrêté d’un coup dès que j’ai touché l’élastique de sa petite culotte.
– Non je la garde !
– Mais…
– S’il te plait, n’insiste pas, je ne veux pas…
…Rien n’y fait. Elle est subitement aussi inerte qu’une poupée de chiffon usée.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !