Dehors, journal d’un localier, Thierry Mertenat

Editions Labor & Fides, 2019

Dans chaque rédaction, il y a toujours quatre ou cinq « plumes » qui sortent du lot. À la Tribune de Genève, Thierry Mertenat est l’une d’entre elles. Héritier d’un Jean-Claude Mayor, journaliste et écrivain qui s’illustra dans les années 1960 et publia « Les dessous de ma Julie, journal d’un journaliste », Mertenat a écrit « Dehors, journal d’un localier ». Qui raconte sa passion pour relater au jour le jour, et aussi nuit après nuit, la vie locale genevoise.

Lorsque Thierry a annoncé à la rédaction de la Tribune (où j’étais alors chef d’édition), à l’âge de 45 ans, qu’il abandonnait son poste de chef de la rubrique culturelle pour devenir simple localier (« du haut vers le bas, de la rubrique noble jusqu’au caniveau », écrit-il), ce fut la stupeur. Et l’admiration. Voilà quelqu’un qui assumait crânement ses choix !

Thierry Mertenat désirait ainsi passer du « journalisme assis » (chroniqueur littéraire et critique dramatique), au « journalisme debout », en prise constante avec l’actualité grouillante de la cité. Il lui fallut fréquenter l’Hôtel de police pour relever les faits divers, au Palais de Justice « à écouter la vraie vie en procès », sillonner la ville à bicyclette, fêter les centenaires, courir jusqu’à l’heure du bouclage de l’édition pour rédiger quelques lignes sur des arbres tombés ou des caves inondées…Suivre les picoulets des collégiens ou constater les malfaisances des casseurs. Tout cela avec un certain talent nonchalant, qui se remarque dans la moindre « brève ». Thierry Mertenat se méfie, dit-il, de « croiser des confrères qui se prennent pour des écrivains, en se regardant écrire. » Une humilité excessive ? Car Dehors, journal d’un localier est fichtrement bien écrit.

Recension par Christian Vellas

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