Danse nuptiale, Sabine Dormond
Édition BSN Press, Uppercut – 2023
Lorsque, dans une salle de cinéma presque vide, Anne rencontre Ruben, un jeune homme au corps parfait, et dix ans de moins qu’elle, c’est le début d’une histoire d’amour passionnée et intense, sur fond de bachata.
Mais quand Sarah, une amie bien intentionnée, s’immisce dans la vie du nouveau couple, le conte de fées tourne au drame. À force d’écouter ses conseils avisés, Anne ne sait plus sur quel pied danser. Son bel amoureux serait-il dominateur ? L’aime-t-il sincèrement ? Comment faire la part des choses ? Saura-t-elle garder celui qui a accaparé son cœur ?
Avec son nouveau roman Danse nuptiale , Sabine Dormond nous emporte dans un récit aux rythmes latino où la sensualité exacerbée peut pousser à des sentiments délirants. Jalousie excessive, suspicion, animosité, voire paranoïa.
Cependant, au milieu de ce fatras d’agitations, l'auteure nous séduit, comme à son habitude, par des mots tout en justesse pour dire l’amour et la tendresse, par des tournures de phrases qui collent exactement à la situation, à la description ou à l’émotion du moment.
L’histoire est courte et concise, à la manière d’une nouvelle. Elle démarre fort dès le premier chapitre, et rapidement tout s’enchaîne, Anne, l’héroïne dévoilant ses intentions face à cet inconnu troublant, et ce dernier, menant la danse à sa guise. Puis Sarah, l’amie ou l’ennemie, celle qui se trouve toujours au bon ou au mauvais moment, emmêle les fils de l’intrigue.
D’une page à l’autre, Sabine Dormond nous en fait voir de toutes les couleurs, passant d’instants magiques à des scènes dramatiques, nous plongeant ainsi dans la perplexité quant au dénouement. Dénouement qui d’ailleurs, en laissera pantois, plus d'un.
Recension Marylène Rittiner
Extrait : p. 23-25
Un rythme latino s’échappe d’une terrasse clôturée, quelques couples se tortillent sur une piste.
– On y va ? propose Ruben.
– J’adorerais, mais les pas ont l’air si sophistiqués.
– Pas de souci, tu verras, y a qu’à te laisser guider.
Il me serre tout contre lui et se met à onduler avec une aisance qui me stupéfie, tout en comptant les temps à mon oreille pour m’aider à m’y retrouver.
[…]
Un groupe se forme pour nous bouffer des yeux, des femmes crient, des hommes rient, on se laisse porter par leurs acclamations. Jamais je n’avais côtoyé le bonheur de si près.
– Je ne te connaissais pas ce talent.
– Je t’avais dit pourtant, t’as oublié ?
C’est là que je réalise ce qu’est la bachata. Qu’il passe ses journées à onduler collé-serré contre des corps lascifs, à faire tourner les têtes, à libérer des shoots de phényléthylamine. Et mon bonheur s’envole d’un seul battement d’ailes.
Du pain béni pour Sarah si elle venait à l’apprendre. Mes relations amoureuses ont toujours créé des frictions entre nous. Elle ne supporte pas de me voir en couple et pour cause, ce sont toujours les mêmes hommes qui nous plaisent et chaque fois moi qui remporte la mise. Pas étonnant que ça ait fini par l’aigrir. Alors je veille à rester disponible pour elle, ce qui n’est pas difficile, aucune initiative à prendre, il suffit de l’accueillir quand elle s’immisce, quand elle s’impose à moi. […]
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