Confidences assassines, Stéphanie Glassey
Confidences assassines
Stéphanie Glassey, roman, Collection Frisson, Plaisir de Lire 2019
Basse-Nendaz, en Valais. Sous une apparence tranquille, ce petit village de montagne regorge de secrets bien gardés…
Juliette, résidente du home de la région et ancienne épicière, est retrouvée morte dans son lit, assassinée. Très rapidement, Aline s’accuse du meurtre de la vieille dame avant de se suicider. Jane, sa collègue de travail, ne peut croire une seule seconde à sa culpabilité. Avec l’aide de Charlotte, son amie de toujours, et Léon, leur ancien professeur, elle tente par tous les moyens de percer la vérité et trouver le véritable assassin. Commencent alors de minutieuses recherches qui amèneront le trio à découvrir quelques obscurs méfaits enfouis dans le passé d’une certaine Adèle. Cette dernière, née dans le cours de l’année 1900, se battra toute sa vie pour se faire accepter dans une société trop souvent impitoyable. Aurait-elle donc un lien avec le crime de Juliette ?
L’enquête menée puise dans les faits d’hier et ceux d’aujourd’hui.
Stéphanie Glassey nous emmène dans une histoire passionnante sur fond de tragédies humaines qui semblent d’ailleurs se répéter d’une génération à l’autre. De nombreux personnages y évoluent, entourés de secrets de famille ou de village, des secrets fous, durs, typiques de ces lieux retirés de montagne. Cependant le fil rouge de ce récit reste accroché aux années écoulées et vécues par Adèle, cette femme mésestimée, mais incroyablement forte et déterminée jusqu’au bout à garder la tête haute, quels que soient les écueils.
L’auteure emporte brillamment le lecteur dans son aventure au travers d’une écriture rythmée et précise, où elle joue avec des mots percutants, des phrases bien tournées, sans toutefois être pompeuses, des sentiments développés et exprimés avec émotion et justesse.
Elle sait également garder l’intrigue haletante jusqu’à la fin, avant de dévoiler un dénouement inattendu et renversant où se mêlent un peu de folie et beaucoup d’altruisme.
À n’en pas douter, ce roman touche à l’être humain au plus profond de son âme, faisant vibrer ses vertus ou ses dérives.
Recension Marylène Rittiner
Extraits
Pages 447
Adèle, comme elle approchait de l’église, cessa d’entendre son cœur battre. Au sortir du chemin, son pied avait foulé l’herbe de ce val, l’humidité atteignant ses bas. Alors, le silence s’était fait, lumineux. Dans un vertige blanc, elle avait réalisé où elle se trouvait et ce qu’elle y jouait. Elle était remontée. Elle avait réussi. Ce qui l’étreignit à cet instant manqua de la mettre au sol.
La tête haute, elle défiait quiconque de l’approcher. Elle se voyait, droite, victorieuse, au bras de Raphi. Elle semblait indifférente, mais hurlait son triomphe, à l’intérieur. Le souffle court, elle vacillait dans cet impossible retour.
Un gouffre s’ouvrit en elle. De joie et de terreur pures. Elle craignait un faux pas. Les regards s’étaient rivés à son dos. Son émotion l’inquiétait, inclinant au débordement. Le tournis, l’envie de crier ou de rire. Elle s’éloigna de la lueur, se protégea de l’idée afin qu’elle rayonne doucement, sans l’éblouir de la sorte. Il lui semblait plus prudent, le temps qu’elle serait debout, exposée ainsi, d’oublier un peu.
Pages 244-245
Depuis la veille, elle faisait tout son possible pour endiguer la vague de panique. Sitôt qu’elle relâchait son attention, ses pensées fusaient dans la direction dont elle cherchait à les détourner : elle ne savait pas comment aider Jane. Elle s’était engagée mais ignorait totalement comment s’y prendre. Aline étant telle qu’elle était, Charlotte voyait en elle une coupable presque idéale. Mais Jane était persuadée du contraire et le regard qu’elle avait levé lorsqu’elle lui avait promis son soutien valait toutes les convictions personnelles du monde. Que faire ? Par quoi commencer ? Son esprit sous pression ne produisait rien sinon des accès de vertige.
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