Comme des Mohicans, Philip Taramarcaz

Editions Slatkine, Genève 2020

En l’an 1874, Séraphin, quinze ans, ne supporte plus la vie monacale choisie pour lui. Déterminé à s’évader de l’hospice où il a été placé depuis deux ans, il met, une nuit, son plan à exécution. Sa fuite sur les chemins de traverse de son Valais natal et au fil du Rhône l’amènera à croiser Guérin, un adolescent de son âge, tout aussi décidé à changer de vie, loin des maltraitances de son oncle et employeur.  Une amitié tenace liera alors nos deux héros, tout au long de leur vie. Jusqu’où cette évasion au goût de liberté les emmènera-t-elle ? Finiront-ils par trouver leur voie au milieu d’une génération où les convenances prédominent sur le bien-être ?

Avec Comme des Mohicans, l’auteur, Philip Taramarcaz, signe un roman aux airs d’initiation, où l’aventure et la découverte grandissent les protagonistes plus d’une fois malmenés par la vie.

L’histoire est simple, mais racontée avec les mots du cœur. On y retrouve le respect et souvent la crainte, pas toujours salutaire, vis-à-vis de l’autorité de l’époque, parents, ecclésiastiques, patrons… On y rencontre un ou deux individus de hauts faits, habilement mêlés au parcours des personnages, et qui, par leur renommée, pimentent quelque peu le récit.

Philip Taramarcaz soigne son écriture :  un beau langage, des mots châtiés, mais aussi de délicieuses expressions tirées du patois. Un réel plaisir pour le lecteur !

Recension: Marylène Rittiner

Extrait, p.100-101

–    Séraphin, viens fumer la pipe relaxante du dimanche avec moi ! Je t’attends dehors.
–    J’arrive, je prends mon bouquin.

Séraphin se rappela avec délice l’effet euphorisant des premières inhalations de chanvre, il y avait seulement quelques jours. Il sourit de cette drôle de synchronicité et reposa le livre de Cornelius Agrippa dans le bahut en arolle. Il agrippa le roman de Cooper et rejoignit son ami sur le pas de la porte. Ce dernier était déjà en train de bourrer sa pipe, dans la lumière douce et rasante de cette fin de journée.
–    Que penserais-tu d’un petit passage du  Dernier des Mohicans ? questionna Séraphin avec entrain en choisissant un nouveau passage avec beaucoup d’attention.
–    Je n’osais pas te le demander, c’est juste le bon moment, asséna joyeusement le fils de Blanche en allumant le foyer de son « calumet ».

Les premières volutes de fumée à l’odeur si caractéristique s’échappèrent dans la fraîcheur de la brise de ce début de soirée. Les deux jeunes gens profitaient pleinement de la douceur estivale du soleil rasant, alors que la plaine du Rhône baignait déjà dans la pénombre. Séraphin aspira quelques bouffées, tendit la pipe à son ami et se plongea avec délice dans la lecture du passage le plus terrifiant et cruel du roman.

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