Bitume d’août, Sandra Maeder
Éditions Encre Fraîche 2024
Pierrot vit depuis toujours avec sa mère. C’est l’été, un mois d’août chaud, un jour tout particulier qui en rappelle douloureusement un autre, à une époque lointaine déjà, et qui chamboule la routine pesante de cet étrange duo. Entre cuisine et salon, la femme s’affaire à la confection d’un gâteau, s’active à mettre tout en place pour des invités imaginaires, demande de l’aide à son fils, l’appelle d’un nom qui n’est pas le sien, et
qu’il ne supporte plus.
Extrait page 9
«Pierrot a l’impression d’étouffer. Il prend une grande inspiration. Encore une fois.
– Maman. Je…
Les mots se bloquent. Restent en travers.
– Oui ?
– Je voulais te demander.
Il s’arrête.
– Tu voulais me demander quoi, mon Pierrot ?
– Je voulais te demander.
– Oui ?
– Je ne veux plus que tu m’appelles comme ça. » extrait page 9
Au fil des ans, chacun s’est donc construit un monde où trouver refuge lorsque la tempête fait rage dans sa tête, lorsque le cœur devient trop lourd face l’absence.
Que s’est-il donc passé il y a longtemps ? Pierrot parviendra-t-il à exprimer sa peine profonde ? Et sa mère l’entendra-t-elle enfin ?
Dans son premier roman, Bitume d’août, Sandra Maeder nous livre le vécu difficile d’une mère déboussolée par la perte d’un enfant, et celui de Pierrot, le fils « restant ». Tout au long du récit, l’auteure jongle entre passé et présent, dévoilant ainsi le drame de leur vie.
Une écriture sans façon, des dialogues aux phrases courtes, des descriptions cependant qui en disent long sur les sentiments ravageurs des personnages. Oui, un tourbillon incessant d’émotions telles que culpabilité, amertume, douleur, impression d’abandon, de perte d’identité, jalousie, désarroi et peur, qui habitent l’un et l’autre, empêchant toute conversation et tout réconfort.
Un roman à lire jusqu’au bout, et à n’en pas douter, bouleversant.
Recension Marylène Rittiner
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