Roman, Editions Slatkine 2025

L’Ecovallon, quartier durable en construction, loin de la ville et proche des valeurs simples de l’existence, en attire plus d’un. Ce lieu privilégié de Suisse romande, rimant avec meilleure qualité de vie, est un rêve où tout devient possible, ou presque…  

Les familles Veillon et Ardant s’y établissent dès le début, emportant avec elles leurs désirs ainsi que leurs propres façons d’y accéder. Et chacun des protagonistes, des plus jeunes aux plus âgés, doit trouver sa place dans ce nouvel univers où se côtoient des êtres parfois totalement opposés. Dès lors, comment faire pour se comprendre et s’apprécier tout en respectant les principes de cette sorte de communauté qui semble idyllique ? Les liens familiaux des uns et les amitiés des autres suffiront-ils à unir tout ce petit monde autour d’un même but, à savoir, vivre mieux ensemble, et en réduisant les atteintes environnementales ? 

Dans son nouveau roman, « Aux gens qui doutent » Laura Gamboni nous raconte  la vie courante des habitants de l’Ecovallon à travers une multitude de petits événements, « sans personnage principal, sans grande quête, sans tragédie ». Rien de moins ni de plus que nos vies qui s’écoulent au rythme des jours, tranquilles ou plus animés. 

L’auteure construit son récit telle une mosaïque colorée où elle dévoile les sentiments des uns et des autres, questionne leurs opinions et leurs choix, décortique leurs aspirations et leurs doutes. 

Elle utilise alors la deuxième personne du singulier pour s’adresser à eux, une figure de style qui demande un effort d’adaptation de la part du lecteur, et peut être quelque peu déroutante.  

Cette particularité n’enlève cependant rien à la qualité de l’écriture.  

Se pourrait-il finalement que Laura Gamboni soit l’actrice principale de cette histoire ? Se pourrait-il qu’à travers ses personnages, hommes, femmes, enfants ou adolescents, elle ne fasse que transcrire les vérités qui reflètent sa propre existence ? 

 Extrait page 369 

[…] Mais le plus précieux c’est l’histoire qui se reconstitue à mesure que les noms surgissent d’une mémoire, et ces pages d’enfance qui se rouvrent : les vacances en spacieuses maisons de location italiennes ou provençales pour réunir la smala, ces tablées où chacun trouvait sa place, où les adultes refaisaient le monde jusque tard dans la nuit et vous laissaient jouer, avant qu’une main douce ne vous mène au lit… Aujourd’hui, vous voilà à leur place, vous êtes les adultes clope au bec et grandes gueules autour de la table familiale, et vos enfants à votre place d’autrefois, et votre père dans un lit d’hôpital entre la vie et la mort, sans que vous n’ayez rien vu venir ! Pourtant, Dieu sait que vous auriez pu ! 

Recension Marylène Rittiner