Association Tirage Limité
L’association Tirage limité, fondée en 2006, a pour vocation de faire connaître le travail des plasticiens et micro-éditeurs romands dans le domaine du livre d’artiste. Depuis 2007, elle invite tous les trois ans un large éventail de ces derniers à présenter leurs créations récentes dans le cadre des Rencontres romandes du livre d’artiste, dont les quatre premières éditions ont eu lieu à Lausanne. Pour la dernière triennale, mise sur pied en septembre 2019, Tirage limité a répondu à l’invitation de Musée Auguste Forel, à Morges. Riche de près de 150 membres, cette association ambitionne d’organiser avec le soutien du Musée, des manifestations ponctuelles dans l’intervalle des éditions des Rencontres, qui restent bien sûr son « vaisseau amiral ».
En décembre dernier, elle a mis concours son 3e Prix littéraire, qui couronnera cet été un texte poétique. Le texte primé constituera la matière textuelle soumise aux plasticiens intéressés à concourir au prix qui sera attribué par la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne dans le cadre de la prochaine édition de la triennale Tirage limité, en septembre 2022.
Des livres d’artiste, pour quoi faire ?
Faut-il jeter au feu tous les livres ? Support privilégié de la transmission des textes et des images – donc des idées ! – depuis deux millénaires, le livre se voit concurrencé par la numérisation du monde.
A quoi bon sacrifier des forêts entières, imprimer des volumes dont la plupart disparaîtront après un séjour plus au moins long sur l’étagère d’une bibliothèque (au mieux) ou dans un dépôt d’invendus (au pire) ?
Et c’est là que nous avons un (gros) problème : le livre numérique ne remplace pas le livre de papier dans notre cœur – et peut-être dans notre cerveau de primates évolués… Compagnon fidèle de nos divagations mentales comme de nos errances physiques, souvent lié à des expériences de vie concrètes, à des amitiés, voire à des passions qui ont marqué nos existences, le livre est bien plus qu’un support d’écriture. Il y a des livres qu’on aimés, d’autres qu’on a haït (parfois le même, à des étapes successives de son être-au-monde) ; certains d’entre eux ont été annotés, crayonnés (pensons aux livres extraordinaires sur lesquels Louis Soutter a laissé la trace magique de ses obsessions), ou même mutilés. Certains ont été habillés, fourrés, pansés… recyclés. Le sable d’une plage, le parfum d’une main ou le fantôme d’une cigarette peuvent y habiter encore. On les prend dans sa paume, on les ouvre, ou les feuillette, on les ferme, on les pose ou les jette par la fenêtre selon l’humeur.
Décidément, ce bon vieux livre n’a pas fini de nous étonner – lui qui n’a guère changé depuis le temps des premiers imprimeurs, il y a 500 ans !
Parmi ces livres il y en a de spéciaux. De très spéciaux. On les appelle les livres d’artiste, sans trop savoir où commence et où finit la définition d’un tel objet… Ces livres-là ne sont pas produits en tant que simple objets de consommation. La matière textuelle qu’ils véhiculent ne représente qu’une de leurs multiples facettes, se limitant parfois à quelques mots à partir desquels une démarche artistique s’est développée. Œuvre solitaire ou collective, nourrie de rencontres et échanges entre plasticiens et poètes, le livre d’artiste se veut protéiforme. Echappant à la fois aux circuits traditionnels de diffusion des livres et au marché de l’art, il est le produit d’expérimentations dans lesquelles l’approche matérielle et fonctionnelle du livre (rapport texte-image, mise en page, choix des papiers – pas forcément luxueux ! -, formats, type de reliure, etc.) est mise en jeu. Conséquence directe de cette approche, les exemplaires produits sont le plus souvent destinés à un public restreint d’amis et d’amateurs- quand il ne s’agit pas de livres uniques.
En savoir plus…
Informations utiles sur l’association Tirage limité ainsi que sur les cinq premières éditions des Rencontres romandes du livre d’artiste sur le site tirage-limité.ch.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !