Revenir à Marimbault, Stéphanie Chaillou
Roman, Editions Noir sur Blanc /Notabilia
Suite à un événement traumatisant vécu dans sa jeunesse, Jean-Noël s’est enfui de la maison, se coupant ainsi des siens. Trente ans plus tard, il reçoit un coup de téléphone de son frère. « Leur père allait mal. Il devait venir. »
Sans vraiment en comprendre la raison, Jean-Noël se doit de retourner sur les lieux de son enfance.
Tout au long de son court séjour, il se souvient d’événements déchirants qu’il a essayé d’oublier et qui le replongent malgré lui dans un passé douloureux. Et aujourd’hui encore, le sentiment obscur d’être différent et de ne pas appartenir à sa famille lui serre le cœur. Dans son nouveau roman, « Revenir à Marimbault » Stéphanie Chaillou nous raconte le retour d’un homme à Bazas, ville où il a grandi dans la solitude, l’incompréhension et le désamour de ses parents.
À presque cinquante ans, Jean-Noël, le héros de cette histoire, tente de renouer avec le passé. Après le drame vécu lors de ses dix-huit ans et l’indifférence de tous lors de son départ de la maison, il espère une réparation des injustices qui l’ont brisé et ont gâché son existence.
L’auteure nous entraine dans les souvenirs pénibles des protagonistes, Michel, Cécile et Jeanne, et quelques autres. C’est ainsi qu’au fil du récit, nous découvrons les sentiments de chacun : leurs colères, leurs qualités, leurs émotions, leur face cachée.
Que s’est-il vraiment passé ? Quelles sont les vraies raisons du mutisme familial entretenu pendant plus de trente longues années ? Jean-Noël trouvera-t-il la sérénité ?
Des chapitres courts pour une écriture de prime abord simple, mais avec des mots percutants, et des tournures joliment dites qui en disent long sur les ressentis des personnages.
Un bon roman à lire pour sa profondeur et pour la qualité d’expression de l’auteure.
Extraits
Page 56
[…] Jean-Noël Dutilheul en est là de ses réflexions, lorsqu’il aperçoit une silhouette derrière un étal de babioles. Un corps et un visage qu’il a l’impression de reconnaître. Le regard, surtout, lui semble familier. Quelques secondes plus tard, il identifie la personne. Aucun doute, c’est bien Joël, son copain de banc de touche, qui se trouve là, à quelques mètres de lui. Joël Bodin. L’homme qui vend des sacs de billes et des briquets. [..]
Page 62
[…]
Dans ses yeux, constate Jean-Noël au moment où il lui tend un billet de dix euros – il a choisi des mini-calots -, la gentillesse n’a pas faibli ; elle subsiste comme le témoignage d’une élégance de cœur que la vie n’est pas parvenue à détruire. Joël est resté la personne pure qu’il a toujours été. Habituée aux coups. Mais peu encline à les considérer. Irresponsable du cœur des autres. Joël lui rend la monnaie.
Une lueur ne brille-t-elle pas furtivement dans son regard, au moment où il lui glisse dans la main le billet de cinq euros ? Une sensation de familiarité – fragile réminiscence – tente sans doute de se frayer un chemin jusqu’à sa conscience. Mais le passé est loin, les jours nombreux, et les ivresses, trop douces pour qu’il se souvienne. La vie a englouti son enfance et avec elle l’existence du petit Dutilheul.
Lesté de son sac de billes, Jean-Noël quitte le marché.
Recension Marylène Rittiner
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